Étincelle de deux mots arrachés en copeaux – couvrant soudain de plumes la plaine du silence –
Aveu discret en quart de mots de peur de s’épandre trop loin, de s’éprendre, peut-être, de ce rai de lumière – à en changer l’éclat.
Des mots
Ciel
Éclat vif de bleu
tombé de rayons sûrs
où s’infiltre un jour sage,
où s’est tapie la nuit,
qui ne dort pas,
(faire fi des apparences)
mais pense, se pense et se pose
loin des faux réverbères
et des folles étoiles,
serrée en point de fuite
pour troubler les regards
– elle songe, peut-être,
aux étoles de Soulages,
ou à ce puits sans fond,
redoutable miroir…
Éclat vif de bleu
comme une arme affûtée
qui affirme, qui ne doute,
où se mange la vie
comme on croque les mots :
Pour savoir.
Par saveur.
Par plaisir.
Pour, enfin,
Pouvoir dire,
et, niant l’impossible,
tenter même de se dire,
dans un rire confus,
dans l’in-su des non-dits,
où s’engouffre une bise
contre-courant de soi.
Éclat vif du vent.
29 Décembre 2017
[J’ai cueilli ton regard sur le monde…]
J’ai cueilli ton regard sur le monde
comme on s’incline un peu
pour en saisir l’ampleur,
ou plutôt la lumière,
sans questionner
jamais
ce qui s’y attachait.
Et je l’ai embrassé.
Avec simplicité –
Naïveté peut-être?-
Comme une chance offerte
de vivre la réalité
-augmentée de la tienne.
Ô oui j’ai cru en toi
comme l’évidence même
où jaillit la gaieté
sur un visage éteint
qui s’irrigue soudain d’éclats insoupçonnés –
en miroir impromptu du murmure de la vie,
avec cette certitude de l’aube qui se faufile encore,
jalouse de sa promesse tue, in-sue,
lorsque tout dort,
tendrement,
avec la détermination douce
et sûre
d’un Sisyphe
étonnamment heureux
Mais qui pourrait bien croire
au sourd retrait du jour,
alors qu’il n’est pas l’heure,
ou à l’insinuation obstinément sèche
d’un été écrasant
qui affaisserait
tout
par excès de chaleur
– ou lassitude, peut-être, face au chant
pourtant imperturbable des cigales
qui se donnent sans faillir,
tout entières,
au bonheur monocorde de soirées septentrionales-,
et déserterait les yeux
et déviderait les corps
les ensablerait
comme le temps
qui s’effrite
et s’efface
en une morne
torpeur ?
Faisons donc fi des mots
rongeurs d’encre
incapables de concorde
même lorsqu’ils sourdent d’une main connue,
ou inconnue, -cela m’échappe-,
on ne sait qui se cache,
ni s’il faut sauver les apparences,
les phénomènes,
l’ignorance domine,
mais des traces de passage
où se figent des émotions
ne peuvent être vivantes.
Doute radical,
Où s’éprouve la vérité.
(28 juin 2017)