J’ai cueilli ton regard sur le monde
comme on s’incline un peu
pour en saisir l’ampleur,
ou plutôt la lumière,
sans questionner
jamais
ce qui s’y attachait.
Et je l’ai embrassé.
Avec simplicité –
Naïveté peut-être?-
Comme une chance offerte
de vivre la réalité
-augmentée de la tienne.
Ô oui j’ai cru en toi
comme l’évidence même
où jaillit la gaieté
sur un visage éteint
qui s’irrigue soudain d’éclats insoupçonnés –
en miroir impromptu du murmure de la vie,
avec cette certitude de l’aube qui se faufile encore,
jalouse de sa promesse tue, in-sue,
lorsque tout dort,
tendrement,
avec la détermination douce
et sûre
d’un Sisyphe
étonnamment heureux
Mais qui pourrait bien croire
au sourd retrait du jour,
alors qu’il n’est pas l’heure,
ou à l’insinuation obstinément sèche
d’un été écrasant
qui affaisserait
tout
par excès de chaleur
– ou lassitude, peut-être, face au chant
pourtant imperturbable des cigales
qui se donnent sans faillir,
tout entières,
au bonheur monocorde de soirées septentrionales-,
et déserterait les yeux
et déviderait les corps
les ensablerait
comme le temps
qui s’effrite
et s’efface
en une morne
torpeur ?
Faisons donc fi des mots
rongeurs d’encre
incapables de concorde
même lorsqu’ils sourdent d’une main connue,
ou inconnue, -cela m’échappe-,
on ne sait qui se cache,
ni s’il faut sauver les apparences,
les phénomènes,
l’ignorance domine,
mais des traces de passage
où se figent des émotions
ne peuvent être vivantes.
Doute radical,
Où s’éprouve la vérité.
(28 juin 2017)